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    Est-il possible de prévoir la météo de la Toussaint ?

    La Toussaint est dans trois semaines et demie. Peut-on déjà connaître la météo qui concernera la France ? Notre article vous explique la prévision météo et les limites qu'impose la longue échéance.

     

    Le fonctionnement de la prévision météo

    Avant toute chose, il faut rappeler comment on fait une prévision météo. Il faut d'abord récolter un maximum d'observations du temps à la surface du globe. Celles-ci sont recueillies par les nombreuses stations implantées sur terre, par les bouées météo en mer, par les avions qui survolent les quatre coins du globe mais aussi par les images satellite et les images radar, donnant tout un tas d'informations en temps réel sur les températures, la pression, la vitesse du vent, la couverture nuageuse ou encore les précipitations. Une fois ces données collectées, elles sont centralisées et injectées dans les modèles de prévision - des sortes d'immenses ordinateurs (appelés super-calculateurs) qui vont simuler l'atmosphère des heures et jours à venir.

    Schéma des différentes étapes de la prévision météo - Météo France

     

     

    Plusieurs fois par jour, les modèles sont réactualisés et proposent leurs scénarios pour les jours à venir. C'est à ce moment que le prévisionniste entre en jeu. En effet, il existe plusieurs modèles de prévisions proposant différents scénarios. Le prévisionniste devra ainsi déterminer quel scénario suivre afin de réaliser puis diffuser ses prévisions sous forme de cartes, tableaux ou bulletins textuels. Les connaissances et l'expérience du prévisionniste sont capitales et l'aident à déterminer le scénario à privilégier. C'est pourquoi une prévision automatique (que l'on rencontre sur 99% des sites et des app) sera toujours plus soumise à erreur qu'une prévision retouchée et affinée humainement.

    Schéma du rôle du prévisionniste dans la réalisation d'un bulletin météo - Météo France

     

     

    Pourquoi ne peut-on pas prévoir la météo d'un jour à trois semaines ?

    Au fil des années, la puissance des super-calculateurs derrière les modèles de prévision météo a été décuplée. Le nombre de données entrées dans les modèles et leur puissance de calcul sont nettement plus importantes que par le passé, permettant d'améliorer la fiabilité des modèles. Malgré tout, il reste des limites. Comme le montre le graphique ci-dessous, la fiabilité se dégrade lorsque l'échéance augmente. Si l'on prend pour référence l'altitude du géopotentiel 500 hPa, la fiabilité est de 97% à 3 jours d'échéance, baissant vers 90% à 5 jours puis 75% à 7 jours. Enfin, elle chute sous les 50% à 10 jours d'échéance. En d'autres termes, le risque d'erreur notable est d'au moins 1 sur 2 pour une prévision à 10 jours. Vous l'aurez compris, on ne peut tout simplement pas prévoir la météo de la Toussaint au 7 octobre...

    Évolution de la fiabilité des prévisions météo à 3, 5, 7 et 10 jours entre 1981 et 2018 - via Our World in Data

     

     

    Si la météo traditionnelle ne permet pas d'aller à trois semaines d'échéance, certains sont tentés de se tourner vers les tendances saisonnières. Là aussi, il sera impossible d'obtenir une prévision sur une zone géographique précise pour un jour donné. Ici, tout est une question d'échelle. Si les prévisions à court terme permettent de mettre en évidence les différences régionales, les tendances saisonnières sont bien différentes. Compte tenu de l'échéance lointaine et de la marge d'erreur bien plus importante, elle fournissent des tendances lissées sur de vastes zones géographiques et sur des périodes plus longues (un mois voire une semaine, au mieux). Ainsi, elles n'entrent pas dans le détail. Ces moyennes ne font que peu ressortir les différences régionales et ne permettent aucunement de cibler le temps d'un jour précis.

    Comparaison des différentes échelles pour les prévisions à court/moyen terme et les tendances saisonnières - Météo Villes

     

    En d'autres termes, les tendances saisonnières ne peuvent donner que des indications grossières, à savoir des températures plus douces ou plus fraîches que la normale ou bien une météo plus sèche ou plus humide. Par ailleurs, la météo d'un jour donné ne reflète pas forcément la moyenne. Par exemple, si un week-end est agité mais que le reste du mois est anticyclonique, la tendance sèche se dégagera. Or, si c'est ce week-end en particulier qui vous intéressait, vous pouvez être induit en erreur, même si la tendance saisonnière avait vu juste. Comprendre la notion de moyenne lissée est capital.

     

    Auteur : Alexandre Slowik